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Véganisme, jour 5 : l’étiquetage et autres joyeusetés

22 septembre 2016

 

Ce soir, j’ai sauvé un cousin. Rien à voir avec la famille, c’était un de ces faux moustiques à grandes pattes. Il était coincé chez moi et volait à perdre haleine. Je l’ai pris dans un verre, je suis allé à la fenêtre, et je l’ai relâché. Comme la lumière était allumée, il était désorienté (et pas attiré, sachez-le) et est rerentré aussi sec. Me rappelant des jaïnistes qui n’allument pas de lumières après le coucher du soleil justement pour éviter ça, je l’ai donc repris dans le verre, j’ai éteint la lumière, et cette fois il s’est envolé. Je suis sûr qu’il m’a dit merci.

 

Le véganisme, il me semble que c’est aussi ça, et ça tombe bien car je le faisais déjà avant cette semaine. En fait, il s’agit de traiter tous les animaux comme s’ils étaient des animaux de compagnie. Après tout, nous leur tenons compagnie sur cette planète. Si vous trouvez un chat ou un chien paumé chez vous, vous allez le libérer, et essayer de le rapporter dans son habitat d’origine. Il faut essayer de transposer ce comportement à tous les animaux. Et la compassion vient vite.

 

À part faire mon hippie, j’ai aussi refait des courses. Cette fois, je suis allé dans un magasin bio, la Vie claire. Et je suis assez déçu. Un de mes lecteurs en particulier sera fort aise de ce que je vais développer maintenant.

 

L’étiquetage c’est quoi ? On pourrait penser que c’est de l’information. Mauvaise réponse. C’est de la communication. C’est uniquement ça. Une étiquette, un emballage, est là pour vendre le produit au plus grand nombre de gens possible. Ou en tout cas pour assurer sa vente à une demande solvable. Le bio n’échappe pas à cet écueil, et je ne m’en rends vraiment compte que par mon véganisme actuel. Le végan passe sa vie à regarder des étiquettes. Même quand je suis allé samedi dernier à « Un monde végan », où tout est par principe compatible, j’ai regardé les étiquettes. Et les étiquettes des produits faits pour être végans sont plutôt assez informatives.

 

Bien qu’elles adoptent le langage étrange des cosmétiques, elles disent au moins de quoi proviennent les ingrédients, et pourquoi ils sont dans le produit fini. Quelques autres indications, l’absence d’OGM, et un label permettant d’assurer l’absence de tests sur les animaux ou sur des sous-produits animaux.

 

Le langage étrange des cosmétiques… Impossible pour le linguiste amateur que je suis (ça fait vraiment je me la pète, dit comme ça, je suis désolé, c’est pas fait exprès, normalement j’essaye de pas me la péter), impossible donc de ne pas en dire deux mots.

 

Je vous fais l’un de ces échanges fictifs qui n’auraient jamais dû arriver :

– Vous savez quoi ? Les consommateurs veulent comprendre ce qu’il y a dans leurs produits cosmétiques.

– Oui, mais ils parlent tous des langues différentes ! Il faudrait faire des centaines d’étiquettes différentes !

– Quelle est la langue la plus diffusée dans le monde occidental ?

– Ben l’anglais.

– Et il y a quatre siècles c’était quoi ?

– Ben le latin.

– On va faire UN MÉLANGE DES DEUX !

– C’est génial ! Tu es promu directeur du marketing !

(Encore un).

 

Donc, l’eau se dit « Aqua ». Aucune langue vivante majeure, à ma connaissance, ne l’écrit comme ça. C’est donc naturel qu’ils aient choisi, par transparence et pour le bien du consommateur, de l’écrire comme ça. Le reste est plus ou moins dans une espèce d’anglais de cuisine, sauf les vrais extraits de vraies plantes qui se disent en latin. Donc l’anglais désigne en général des produits chimiques dont personne ne sait ce qu’ils représentent. Et « parfum » veut dire absolument tout et n’importe quoi, si possible les pires saloperies.

 

Digression linguistique terminée, sinon on va encore y passer des plombes, vous et moi. L’étiquetage bio, donc. Je voulais m’acheter du lait végétal, personne n’est parfait. La plupart des étiquettes proclamaient soit « Agriculture UE », soit « Agriculture non UE », soit « Agriculture UE/non UE ». Eh bien merci de la précision, c’était cool ! Impossible de savoir même le putain de pays de provenance de leurs produits ! Mais je veux savoir bordel !

 

Si on fait du bio, c’est pour rejeter moins de saloperies genre engrais chimiques, pesticides etc. dans la nature. Donc pour protéger l’environnement. Il faut donc supposer qu’on veut protéger l’environnement en général, et donc aussi qu’on préfère manger des produits qui viennent de près plutôt que de loin. Penses-tu ! En toute logique, l’étiquetage bio devrait être absolument transparent et irréprochable, pas identique à celui des marques industrielles ! Bordel, si j’achète du bio, je veux savoir non seulement le pays d’où vient chaque ingrédient, mais la région, la ville, le village, le nom du producteur, et sa pointure de chaussures ! Je veux choisir mes produits en toute connaissance de cause !

 

J’ai trouvé une boisson au riz et aux noisettes, dont le riz était produit en Italie, moindre mal. Mais impossible de savoir d’où venaient les noisettes, à part de l’UE. C’est grand l’UE ! J’ai le droit de savoir si je mange des noisettes de Lettonie, du Portugal, de Finlande ou de Bourgogne.

 

Après, un bémol à mes jérémiades : il faut aussi s’éloigner des produits préparés. Les produits en vrac, de base, les fruits, les légumes, les céréales, qui sont vendus sans emballage, eux ont bel et bien un affichage assez précis de leur provenance. Mais je suis flemmard ! Faut croire que je vais devoir me corriger un peu.

 

Encore un truc sur l’étiquetage bio. Il n’est guère mieux que l’étiquetage industriel pour ce qui est de l’exploitation animale. Après tout, il y a de la viande bio, du fromage bio et probablement même du foie gras bio, ce qui paraît un peu ridicule. Le bio, ça devrait être de la transparence totale. Sauf que si le but est de faire cool et de vendre trop cher à des gens qui ont trop d’argent, pas besoin de les informer plus que ça, des fois que ça les dissuaderait, on sait jamais…

 

Je vous conseille ici de regarder ce sketch des Monty Python qui décrit à peu près exactement mon sentiment. Vous trouverez le script en anglais ici pour suivre. Comment ça ? Vous lisez ça au boulot et vous pouvez pas regarder la vidéo ? Non mais déjà c’est quoi ces manières ? Vous croyez que votre employeur vous paye à rien foutre ! Ah la compétitivité de la France dans le grand concert des nations ça vous émeut pas plus que ça hein ! Honte à vous.

 

Ok, un extrait traduit (ça parle de la composition d’une boîte de confiseries) :

– Nous utilisons uniquement les meilleures vessies juteuses de béliers de Cornouailles, vidées, cuites à l’étuve avec des graines de sésame, fouettées en fondue, et garnies de vomi d’alouette.

– De vomi d’alouette !?

– Bien sûr !

– Mais rien n’est dit ici sur du vomi d’alouette !

– Si, si, tout en bas en petit après glutamate monosodique.

– J’ai du mal à trouver que c’est suffisant ! Ce serait plus approprié que la boîte porte un gros ruban rouge « ATTENTION : VOMI D’ALOUETTE ! »

– Mais nos ventes seraient en chute libre !

 

Tout est dit. Tout est dit, mais je vais en rajouter, c’est comme ça, je suis bavard. La question de l’omniprésence de l’exploitation animale, c’est la question de l’ichtyocolle bien sûr, mais aussi des tests sur animaux et sur sous-produits animaux. C’est quoi ça ? Ya deux sortes de tests : des fois, ils testent du shampooing sur des animaux directement, éventuellement un peu génétiquement modifiés pour avoir un poil ou une peau qui ressemble le plus possible à la nôtre. Mais sinon, ils testent aussi des produits, ou juste des ingrédients, sur du sang de cochon, sur des cellules de peau animale etc. Et là, ils peuvent dire « Produit fini non testé sur des animaux », sous-entendu entiers et vivants. Oui, mais le sang, les cellules, les poils, il a bien fallu les trouver quelque part non ?

 

Et pourquoi ils testent autant de produits sur des animaux ? Au nom de la sacrosainte efficacité. Vous savez, l’efficacité, la rentabilité, la compétitivité, ces notions de droite qui ont fait grimper les températures de 3 degrés en un siècle. Là on sort du domaine végan pour entrer dans l’écologie politique. Du coup, c’est un bon moment pour fermer ma gueule pour cette fois, et prendre rendez-vous pour un autre article pour expliquer pourquoi je suis contre l’efficacité.

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